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L’AFDIAG a interrogé des membres de son Comité médical suite à des articles sur une nouvelle technologie présentée par une équipe de la Northwestern University (Chicago) qui pourrait induire une tolérance immunitaire au gluten chez les personnes atteintes de maladie cœliaque.

 

«Les nanoparticules sont très à la mode, elles permettent effectivement d’aller travailler dans le microscopique et offrent beaucoup de perspectives. Je resterais cependant prudent pour la MC car si je comprends bien la correction n’est pas totale (90%) et nous n’avons pas de preuves d’une efficacité à long terme. Je serais peut-être plus optimiste en prévention chez les enfants à risque. Ce genre de travail nous permet au moins d’étayer notre réponse lorsque les patients nous demandent si le régime sans gluten sera poursuivi à vie et que nous leur répondons que la Science permettra probablement de suspendre ce régime dans un futur que nous espérons le plus proche possible.»
Pr Patrick Tounian, CHU Trousseau – Paris

«Les résultats préliminaires de cette étude sont intéressants, ces nanoparticules sont en effet depuis longtemps un sujet d’étude dans la maladie cœliaque, mais quelques remarques cependant :
– le nombre de patients est pour le moment petit
– étant donné l’efficacité à 100% du régime sans gluten (sauf dans les cas de sprue réfractaire…), l’efficacité du médicament doit être parfaite afin de pouvoir « remplacer » le régime sans gluten, et les résultats préliminaires ne semblent pas montrer une disparition complète de l’inflammation
– pour le diabète et la SEP en revanche cela pourrait être très intéressant en l’absence de traitement aussi efficace et dénué de risques que le régime sans gluten dans la maladie cœliaque.»
Dr Hélène Lengliné, CHU R. Debré – Paris

« Je partage la prudence. Les données sur ces mêmes nanoparticules utilisées dans un modèle préclinique ont été présentées à Paris et à d’autres congrès. Elles étaient très encourageantes mais le modèle utilisé est très artificiel (fondé sur l’injection de lymphocytes T CD4 sensibilisés au gluten à des souris immunodéficientes) et il ne prend pas en compte des mécanismes qui pourraient gêner l’induction de la tolérance immunitaire chez les patients. Il me semble nécessaire de rester prudent, ce d’autant que, l’inhibition de la réponse est incomplète avec un recouvrement important des valeurs chez les patients traités et ayant reçu le placebo.»
Dr Nadine Cerf-Bensussan, Institut Imagine – Paris

« Je rejoins Nadine et Hélène pour dire que cette étude est préliminaire (un suivi de 14 jours seulement de quelques patients et des effets secondaires mal connus).»
Pr Jean-Pierre Hugot, CHU R. Debré – Paris